A la récrée les copains parlaient de moto de sport, de Ducati rouge vif, de vitesse ahurissante, mais moi je m'en foutais pas mal de leur délire de courses chronométrées et de records, tout ce que je voulais c'était rider pépère avec un gros blouson en cuir noir sur le dos et des tattoos plein les bras. Je m'imaginais déjà des années plus tard roulant au rythme des bikers vers le couché du soleil. J'avais inlassablement cette image en tête, je me disais "c'est comme ça que se doit d'être un homme, un vrai, c'est ça la liberté et c'est comme ça que je serai", ces pensées tombées parfois sous les rires de mes petits enculés de camarades qui ne pouvais pas percevoir à l'époque l'horizon de cet idéal que je tenais fermement entre ma tête et mon cœur.
Aujourd'hui encore je ne peux pas leur en vouloir, ils n'étaient que des gosses, ils n'avaient tout simplement pas compris que je ne voulais pas qu'une simple moto mais embrasser une philosophie toute entière. Ride Free or Die.
